Interview de Lidia Ruba et Juan Morera, vainqueurs du Dakar Classic 2023 avec l'équipe MOMABIKES.

Merci beaucoup à Juan Morera et Lidia Ruba de nous avoir consacré cette interview et de représenter Momabikes partout où vous êtes. Merci également d'avoir donné de la visibilité au projet de l'ONG Biciletas Sin Fronteras. Nous sommes très fiers de vous avoir vu en vedette dans le Dakar Classic 2023 à la première place depuis la 2e étape.

- L'année dernière vous avez participé au Dakar avec une Panda 4x4, cette année vous avez changé pour un Toyota 4x4 modèle HDJ80. Il est clair que c'est un changement pour le mieux, quels ont été les avantages que vous avez trouvés en changeant de modèle ?

La Panda était un défi personnel, aucune Fiat Panda n'avait jamais terminé le Dakar et nous voulions être les premiers à le faire tout en étant compétitifs, sans aller sur De Ville... Le principal problème était les roues, trop petites pour les rochers et aussi trop petites pour le sable, c'était très difficile. Nous avons cassé beaucoup de pièces chaque jour, nous voulions tout faire et c'était impossible. Nous avons réussi à obtenir la deuxième place au classement général lors de la cinquième étape, mais à partir de là, nous avons dû lever le pied, car il n'y avait plus de pièces de rechange et il était très difficile de terminer. Cependant, l'arrivée sur la ligne d'arrivée a été un sentiment indescriptible, nous avons ressenti encore plus d'émotion que cette année, en arrivant les premiers sur la ligne d'arrivée. Cette année, tout a été plus facile, la Toyota HDJ80 est l'une des meilleures options pour un Dakar Classic, c'est une voiture très robuste et surtout très fiable.

- Ce fut un Dakar étrange, plein de pluie et de boue, étiez-vous préparé à ces contretemps ? En dehors des obstacles météorologiques, quelles autres circonstances ont rendu la course difficile pour vous ?

La vérité est que vous ne vous attendez jamais à la pluie et à la boue quand vous allez dans le désert, c'était très dur et nous n'étions pas préparés. Les pneus que nous avons ne se comportent pas bien dans la boue, ils glissent beaucoup et nous avons souffert beaucoup plus que nous le pensions. En fait, on va aussi au Dakar pour souffrir, car cela fait partie de l'expérience... un de nos amis dit toujours la phrase TOUT EST DAKAR ! Elle est applicable à presque toutes les circonstances là-bas, nous l'utilisons beaucoup ! En plus de la pluie, cette année, l'organisation avait également prévu d'augmenter un peu la difficulté, 25% selon eux, combinés à la pluie, il y avait des sections où c'était plus de 100%, mais c'était très amusant.

- Sur le plan personnel, vous êtes ensemble depuis 22 ans et participer à la course signifie que vous avez été séparé de votre famille pendant une longue période, comment avez-vous fait face ? Pensez-vous que la confiance a joué un rôle fondamental dans la communication pour arriver à la première place ?

Nous avons une fille de 9 ans et des jumeaux de 6 ans (garçon et fille). Valentina, Max et Claudia. Il est difficile de passer chaque Noël sans eux, surtout pour leur mère. À cet âge, chaque Noël que vous ne passez pas avec eux est une expérience que vous ne récupérerez pas, je ne peux pas dire non à cela. La confiance est un allié, mais aussi un ennemi, parfois il vaut mieux partir avec quelqu'un en qui on n'a pas tellement confiance car on peut devenir irrespectueux, il y a beaucoup de stress dans la voiture et la gérer n'est pas facile. La chose la plus importante est que ce qui se passe dans la voiture reste dans la voiture, c'est notre devise.

- Et enfin, quelle a été la meilleure chose de cette expérience ? Nous vous reverrons l'année prochaine dans un camion ou passerez-vous Noël avec votre famille ?

La meilleure chose de l'expérience de cette année, sans aucun doute, a été de gagner. On pourrait dire autre chose, mais ce ne serait pas vrai. Gagner un Dakar est un rêve, quelque chose que nous considérions comme irréalisable et que nous n'envisagions même pas. Notre objectif était de gagner une étape, cela semblait déjà être un défi difficile et au final nous avons gagné deux étapes, deux secondes places et deux troisièmes places... pas mal !
Pour l'année prochaine, je voulais partir en camion, j'en prépare un depuis un an, mais Lidia m'a dit qu'elle ne se voyait pas en camionneur... pour moi le plus important est de partir avec elle, donc j'ai complètement changé mon projet et je prépare une voiture très spéciale à laquelle elle ne pourra pas dire non... mais pour la prochaine, je ne pense pas que je pourrai....